Mon enfant n’aime pas perdre !

Mon enfant n'aime pas perdre !

Comment l’aider ?

Jouer est inné ! Tout le monde sait jouer et cela dès la naissance. Tout petit, le jeu est agréable et seulement du plaisir. Gagner ou perdre a peu d’importance car ces concepts s’acquièrent en grandissant.

Aux environs de 3-4 ans, l’enfant trouve un intérêt aux jeux de société et doit donc se conformer à des règles de jeu. Il découvre également le concept de compétition : un gagnant, des perdants (concept fortement accentué à l’école et dans les activités extra-scolaires). Tout cela génère chez lui des émotions nouvelles plus ou moins agréables et il peut y réagir avec impulsivité : cri, colère, pleurs, jeu cassé…

Mais alors comment faire quand le jeu n’est plus un plaisir ? quand son enfant est « mauvais perdant » ?

Les bienfaits du Jeu

Jouer c’est amusant pour petits et grands mais c’est surtout essentiel au développement cognitif, moteur et émotionnel de l’enfant.

L’enfant a besoin de jouer pour faire des découvertes, pour appréhender le monde qui l’entoure, pour commencer ses premiers apprentissages.

Qu’il s’agisse de jeu libre en extérieur ou intérieur, de jeux de société, de construction, d’imitation, de jeux sportifs ou encore d’activités créatives, tous permettent un développement optimal, global et plaisant de l’enfant.

SAUF quand celui-ci est « mauvais joueur » !

Mon enfant n’aime pas perdre !

Sourcils froncés, bras croisés et regard noir, Tom, 6 ans hurle « c’est pas vrai, j’ai pas perdu, c’est vous qui êtes nuls !!! » et il envoie valser les cartes.  Vous revivez la scène ?

En famille ou entre copains, nombreux sont les enfants qui n’aiment pas perdre et peuvent faire preuve d’imagination débordante pour tricher ou avoir des comportements impulsifs et coléreux. Mais je vous rassure : c’est normal !

Et oui, évidemment. Derrière, la difficulté à perdre d’un enfant il y a des émotions, des besoins, de l’apprentissage, un environnement…

Comment aider un enfant qui n’aime pas perdre.

Pour jouer, il faut se conformer à des règles. Que ce soit pour un jeu de société ou la pratique d’un sport, à plusieurs ou seul.

Pour se conformer aux règles du jeu, l’enfant doit être capable de la comprendre, de la mémoriser, de s’adapter aux stratégies (et/ou comportements) des partenaires de jeu. Et déjà cela est un grand apprentissage !

Avant 5/6 ans, les ressources cognitives de l’enfant ne sont pas en mesure de gérer ces mécanismes de compréhension, mémorisation… Il est donc raisonnable en tant qu’adulte d’accepter d’adapter les règles du jeu. Avant cet âge, l’enfant est motivé par le plaisir immédiat du jeu, il ne comprend tout simplement pas pourquoi il doit attendre son tour, pourquoi ce n’est pas lui qui lance les dés, pourquoi il ne peut pas avancer de 5 cases tout de suite…et il comprend encore moins pourquoi il a perdu !

Le contrôle inhibiteur de son cerveau se développe. Votre enfant met en place des connexions neuronales grâce au jeu et aux émotions que cela apporte. Je vous prépare un article plus détaillé sur les bienfaits du jeu dans le développement de l’enfant.

Ok. On adapte les règles et du coup on laisse gagner notre enfant ?

Pour apprendre à perdre il faut d’abord apprendre à gagner ! Mais pas trop si non on donne l’illusion à son enfant qu’il est toujours le plus fort. Et oui toute la joie d’être parent, tout est une question de dosage 😊

 

Cas concrets

Je vous présente des situations concrètes pour une meilleure visualisation des situations possibles.

Votre enfant a 3 ans…

L’enfant ne voit que le plaisir du jeu et du temps passé avec vous ou les copains. Il n’a pas encore les ressources pour comprendre des règles de jeu et il découvre la régulation des émotions.

Faites le choix de jeu simple comme un jeu de bataille (batawaf ou batamiaou) ou des jeux de discriminations visuelles (catch it ou little select), vous pouvez aussi privilégiez des jeux de construction ensemble (kappla, lego…) où chacun participe avec ses idées.

Si l’enfant présente des signes de colère, d’agacement, de frustration : c’est normal et nécessaire pour son développement en société. Communiquer, valoriser le temps passé ensemble plus que le résultat, si les émotions sont trop difficiles à réguler proposez de stopper le jeu et de revenir après un retour au calme. Attention, aucun comportement violent doit être accepté envers un autre joueur ou envers le jeu. Si c’est le cas, le temps de jeu est stoppé et le matériel rangé : tout le monde est perdant !

Votre enfant a 6/7 ans…

A cet âge, la compétition entre en jeu et la notion de gagnant/perdant est bien présente. Le plaisir est toujours là mais il y a un autre levier de motivation : gagner ! C’est dans ces âges que la notion de « mauvais perdant » prend tout son sens et devient difficile à canaliser.

Les comportements de colère dits classiques « cris, pleurs, tape du pied, boude… » en cas de défaite s’accentuent à cet âge et sont majoritairement tournés vers les autres : « c’est la faute des autres si je perds ».  Laisser passer la colère (tout en veillant à la sécurité de l’enfant, des autres participants et du matériel) puis communiquer pour l’aider à apprivoiser sa frustration, à contrôler sa colère et se tourner vers le positif de la partie de jeu.  Cela demande patiente et indulgence.

On découvre aussi à cet âge : l’écrasement de la victoire. Et oui il n’y a pas seulement lorsque l’enfant perd qu’il apprend mais également quand il gagne. Et lorsque cette victoire est collective, notamment dans un sport d’équipe, elle doit le rester. L’enfant apprend à cet âge à cadrer son émotion de joie. Il a marqué le point final mais c’est le travail de tout une équipe qui a permit de gagner. Un nouveau facteur entre en compte : la considération des autres.

A cet âge, les jeux coopératifs sont vraiment nécessaires pour développer les compétences d’un travail d’équipe, l’empathie, l’entraide, la solidarité…

Votre enfant a 10 ans et +…

Les jeux vidéos sont peut-être arrivés chez vous et votre enfant joue avec d’autres enfants mais seul dans sa chambre. Et vous l’entendez crier, répondre, insulter parfois.

Pour moi, les jeux vidéos ne sont pas entièrement néfastes pour le développement des enfants. C’est l’absence de cadre et de communication qui rend mauvais les écrans pour le développement de l’enfant (et adolescent).

Si un jeu vidéo est choisi avec le respect de l’âge de l’enfant, ces jeux sont adaptés et peuvent aider au développement de compétences créatives, stratégiques, sociales. C’est à vous, parents, adultes, de cadrer et limiter les jeux sur écrans. Un processus neuronal avec la dopamine se met en place lorsque le temps d’écran est trop important et l’addiction apparaît. Cette addiction empêche le raisonnement logique et empathique de l’enfant. Lorsqu’il perd l’état peut être bien plus grave qu’avec un jeu de société classique.

Conservez des temps de jeu classique, en famille et aussi une activité sportive extérieure de préférence collective.

Conseil

Il est inutile de choisir un jeu d’âge supérieur à votre enfant dans l’optique de le faire grandir. Il faut choisir des jeux adaptés aux compétences de votre enfant et à ses capacités.  Vous risquez sinon de le mettre en échec (le jeu sera trop difficile pour lui) de le dévaloriser et lui faire perdre confiance en lui. Veillez bien aux âges indiqués sur les boites de jeu.

Et notre comportement d’adulte…

J’ai l’habitude de dire qu’« un chien fait pas des chats ». Et vous quel joueur êtes-vous ? Savez-vous perdre avec humour ? gagner avec fair-play ?

On ne peut pas demander à son enfant de rester calme lorsqu’il perd si nous même perdons nos moyens. L’enfant apprend beaucoup plus par ce qu’il voit que ce qu’il entend.

Soyez vigilant à votre comportement lorsque vous participez à un jeu et aussi lorsque vous encouragez une équipe sportive.

Ce qu’il faut retenir

  • Avant 6 ans adapter les règles du jeu
  • Choisir des jeux cohérents à l’âge de l’enfant
  • Privilégier les jeux coopératifs
  • Valoriser le temps de jeu plus que le résultat
  • Montrer l’exemple